C'est comme si on m'avait volé mes doigts. Toute sensation aurait disparu. Je ne sentirais plus la différence entre une lime à ongle et un morceau de cachemire, je ne saurais plus distinguer une tasse de thé brûlant d'un whisky-coca débordant de glaçons s'ils étaient placés entre mes mains. Plus aucune satisfaction à me blottir contre un coussin en visionnant un film, plus aucun plaisir à déposer un baiser express sur la joue d'une amie, plus aucune délectation à manger avec les doigts, plus de sourire puéril à l'idée d'enfoncer mes doigts dans une substance visqueuse, plus de préférence, d'amour même, pour les cheveux longs, épais et bouclés où je peux enfouir mes petites mains. Plus rien. Je serais devenue frigide du toucher. Je me sentirais enfermée dans une carapace, une fine envellope couvrant chauqe parcelle de ma peau et m'interdisant toute sensation tactile.
Le cauchemar.
Alors, il me resterait toujours l'ouïe, mais ni Janis Joplin,
ni Pete Doherty ne réussirait à me réconforter.
